Eduardo Arroyo, né le 26février1937 à Madrid, est un peintre, graveur, lithographe, sculpteur et décorateur de théâtre espagnol, représentant majeur de la Figuration narrative et de la Nouvelle figuration espagnole, qui se développa en Europe au début des années 1960.

Après avoir exercé le métier de caricaturiste de presse en 1957 et s’être initié à la peinture, il se rendit à Paris, pour fuir le franquisme, en abandonnant cette première activité, sans toutefois renoncer jusqu’à aujourd’hui à l’écriture, sa première vocation.

En 1960, il commença à exposer au Salon de la jeune peinture, mais il se fit connaître à l’occasion de la IIIème Biennale de Paris de 1963, où il exposa son polyptyque Les quatre dictateurs1, une serie de portraits de dictateurs incluant Franco, qui provoqua la protestation du gouvernement espagnol. De même en 1963, il réalisa une exposition à la galerie Biosca de Madrid, qui fut inaugurée sans sa présence, dès lors que poursuivi par la police, il dû fuir à Paris. L’exposition fut alors interdite et ferma quelques jours plus tard.

En juillet 1964, il participa à l’exposition Mythologíes quotidiennes, fondatrice du mouvement de la figuration narrative au Musée d’art moderne de la ville de Paris avec Bernard Rancillac, Hervé Télémaque, Peter Klasen, Antonio Recalcati, Jacques Monory, Leonardo Cremonini, Jan Voss et Öyvind Fahlström et l’année suivante à l’exposition éponyme La figuration narrative dans l’art contemporain, où il présenta avec Gilles Aillaud et Recalcati le polyptique Vivre et laisser mourir ou la fin tragique de Marcel Duchamp, acquis en 2013 par le Musée Reina Sofia2, qui constitue le manifeste de ce mouvement.

Ayant quitté l’Espagne franquiste en 1958, il se partage depuis lors entre Madrid et Paris. Proche de Hervé Télémaque, il fut comme lui un des représentants majeurs de la Nouvelle figuration et un des fondateurs du mouvement de la figuration narrative. Son style se caractérise par une relative absence de profondeur et une perspective frontale en aplat.

Arroyo a été l’un des principaux artistes contestataires du franquisme. Il a notamment repris plusieurs œuvres de Miro (La Ferme, etc.). En 1974, il fut banni d’Espagne par le régime de Franco et ne récupéra son passeport espagnol qu’à la mort de celui-ci en 1976. Ainsi, sa fortune critique ne fut pas immédiate dans son propre pays, jusqu’au début des années 80, lorsqu’il reçu en 1982 le Prix national d’arts plastiques3, comme réparation de cet éloignement forcé. La même année, le Musée national d’art moderne lui consacra une importante rétrospective.

Son activité de scénographe débuta avec le cinéaste Klaus Grüber, et il connut un de ses plus grands succès en 1982, avec “La vie est un songe” de Calderón de la Barca, sous la direction de José Luis Gómez. En 1999 il monta avec Grüber l’opéra “Tristan et Isolde”, de Wagner, au Festival de Salzburg. Il a également produit des sculptures et des livres illustrés.